- sacrilège
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• 1190; lat. sacrilegium « vol d'objets sacrés »1 ♦ Profanation du sacré (1., 1o), acte d'irrévérence grave envers les objets, les lieux, les personnes revêtus d'un caractère sacré. ⇒ attentat, blasphème, impiété. Commettre un sacrilège. « sa rage du sacrilège est telle qu'il s'est fait tatouer sous la plante des pieds l'image de la Croix, afin de pouvoir toujours marcher sur le Sauveur ! » (Huysmans) .2 ♦ Attentat contre ce qui est sacré (1., 2o), particulièrement respectable. C'est un sacrilège d'avoir démoli ce vieil hôtel, d'avoir abattu ces arbres. ⇒ crime, hérésie. « en manquant de respect à sa personne, elle aurait cru commettre un sacrilège » (Musset).sacrilège 2. sacrilège [ sakrilɛʒ ] n. et adj.• 1283 ; lat. sacrilegus♦ Personne qui a commis un sacrilège (1.). ⇒ profanateur.♢ Adj. (1529) Coupable de sacrilège, qui a un caractère de sacrilège. Prêtre sacrilège. Attentat, action sacrilège. ⇒ blasphématoire, impie.Synonymes :● sacrilège adjectif et nom Qui commet un sacrilège : Prêtre sacrilège. ● sacrilège nom masculin (latin sacrilegium, profanation) Profanation à l'encontre d'une personne, d'une chose ou d'un lieu officiellement consacrés au service de Dieu. Atteinte portée à quelqu'un, à quelque chose particulièrement digne de respect : C'est un sacrilège d'attaquer ainsi la vie privée des gens. ● sacrilège (citations) nom masculin (latin sacrilegium, profanation) Marcel Jouhandeau Guéret 1888-Rueil-Malmaison 1979 Le sacrilège, la seule manière que les impies ont encore d'être dévots. Algèbre des valeurs morales Gallimard ● sacrilège (synonymes) nom masculin (latin sacrilegium, profanation) Profanation à l'encontre d'une personne, d'une chose ou d'un lieu...Synonymes :- impiétéAtteinte portée à quelqu'un, à quelque chose particulièrement digne de respectSynonymes :- crime- hérésiesacrilègen. m. et adj.rI./r n. m.d1./d Profanation impie de ce qui est sacré.d2./d Outrage à une personne, à une chose particulièrement digne de respect. Abattre cet arbre centenaire serait un sacrilège. Syn. outrage, profanation.rII./r adj.d1./d Qui a le caractère du sacrilège.d2./d Qui commet, a commis un sacrilège.|| n. m. Personne coupable de sacrilège. Syn. profanateur.I.⇒SACRILÈGE1, subst. masc.A. — [Corresp. à sacré A] RELIG. Profanation de ce qui est sacré; action impie envers les lieux, les choses revêtues d'un caractère sacré; fait de porter atteinte à une personne revêtue d'un caractère sacré, de l'outrager gravement. Synon. blasphème, outrage. Détestable, horrible sacrilège; être accusé, convaincu de sacrilège; crier au sacrilège. J'avais commis pour elle, un sacrilège. J'avais volé; j'avais violé une église, violé une châsse; violé et volé des reliques sacrées (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Rel., 1882, p. 841). L'acte de supprimer une vie royale comportait un sacrilège (DRUON, Louve Fr., 1959, p. 386).— En partic. Profanation des sacrements, notamment des hosties consacrées. En 1649, le Saint-Sacrement fut profané deux fois, à quelques jours de distance, dans deux églises de Paris (...) sacrilège effrayant et rare qui émut toute la ville (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 605).B. — [Corresp. à sacré B] P. ext. Action qui porte atteinte à quelque chose de sacré. Il ne prononça pas le nom de Prinet. Il aurait eu le sentiment du sacrilège à parler de cette mort devant une femme amoureuse (MONTHERL., Songe, 1922, p. 175). Tous deux sentaient (...) que c'eût été commettre un sacrilège envers leur amour, que de se tromper l'un l'autre, si peu que ce fût (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 400).— Fam. Action susceptible d'endommager, de léser ce à quoi on attache un grand prix; manque de respect pour une chose à laquelle on est très attaché. On avait biffé [dans les Lettres de Mme de Sévigné], on avait mutilé: la morale, la soi-disant bienséance sociale, avaient commis ce sacrilège (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 1, 1861, p. 278). Le receveur de douane tenait ce retard aux formalités pour une sorte de sacrilège laïque (HAMP, Champagne, 1909, p. 197).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694, 1718: sacrilege; 1740-1835: -lége; dep. 1878: -lège. Étymol. et Hist. Fin XIIe s. « profanation de ce qui est sacré » (ST BERNARD, Sermons, éd. W. Foerster, p. 47, 7); 1798 par affaiblissement de sens (Ac.: Ce seroit un sacrilége de laisser retoucher à ce tableau). Empr. au lat. sacrilegium « profanation, impiété ».
II.⇒SACRILÈGE2, adj. et subst. masc.I. — AdjectifA. — [En parlant d'une pers.] Coupable de sacrilège (v. sacrilège1 surtout au sens A). Synon. profanateur. Prêtre, soldat sacrilège. La Pouraille et le Biffon soutinrent respectueusement le sacrilège Trompe-La-Mort (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 543). Européenne sacrilège, tout ce par quoi des Polynésiens honorent leurs morts, je le faisais à moi-même (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 81).— [P. méton.] Bouche sacrilège. On remarque aux quatre coins de la pierre rectangulaire dans lequel il [l'oculus] est percé les quatre trous où était fixée l'armature de fer destinée à protéger les saintes hosties contre une main sacrilège (BARRÈS, Cahiers, t. 7, 1909, p. 303).B. — [En parlant d'un inanimé]1. [Corresp. à sacrilège1 A] Qui a un caractère de sacrilège. Guerre sacrilège; action, audace, parole, projet sacrilège. Une sorte d'horreur religieuse l'envahissait (...) en violant ce palais de la mort défendu avec tant de soin contre les profanateurs. La tentative lui paraissait impie et sacrilège (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 174). Le marquis de Sade qui épiçait ses redoutables voluptés de sacrilèges outrages (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 213).— RELIG. CATH. Communion sacrilège. La communion sacrilège encourt une condamnation divine (Théol. cath. t. 14, 1 1939, p. 517). V. confession ex. 4, fructuosité rem. s.v. fructueux ex. et messe ex. 3.2. [Corresp. à sacrilège1 B] Qu'on sauve mes restes d'une sacrilège autopsie; qu'on s'épargne le soin de chercher dans mon cerveau glacé et dans mon cœur éteint le mystère de mon être (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 9).— Fam. Qui attaque, endommage ou lèse ce à quoi on attache un grand prix; qui va à l'encontre du grand respect porté à quelque chose. Restauration sacrilège (d'un édifice, d'une œuvre d'art). Nous avions oublié le banquet en l'honneur de M. de Goncourt (...) auquel il eût été sacrilège de ne point assister (L. DAUDET, Entre-deux guerres, 1915, p. 304). Il sentit vite qu'il n'amusait personne: ces plaisanteries sur l'argent étaient sacrilèges (MAUROIS, Sil. Bramble, 1918, p. 116).II. — Subst. masc. Personne qui a commis un sacrilège. Synon. profanateur. Sacrilège impie. Les fresques du cloître de Sainte-Marie-Nouvelle, à Florence, montrent encore aujourd'hui comment on exécutait ces sentences cruelles envers les sacrilèges (STENDHAL, Abbesse Castro, 1839, p. 213). Le parricide errant sur les chemins, le sacrilège poursuivi par les dieux (...) tâchaient d'atteindre au port où le courtier de Carthage recrutait des soldats (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 65).REM. Sacrilègement, adv., littér. D'une manière sacrilège. [Mgr D'Hulst] affirme sacrilègement que la comtesse [de Paris], au lit de mort de son admirable époux, ressemblait à La Vierge au pied de la croix! (BLOY, Journal, 1894, p. 144).Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: sacrilege; 1740-1835: -lége; dep. 1878: -lège. Étymol. et Hist. 1. 1283 subst. « personne qui profane les choses sacrées » (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, t. 1, p. 160); 2. 1528 adj. « qui a le caractère du sacrilège » (Papiers d'État du Cardinal de Granvelle, éd. Ch. Weiss, t. 1, p. 454). Empr. au lat. sacrilegus (de sacra, neutre plur. de sacer, au sens de « objets sacrés » et legere « ramasser, recueillir »), d'abord « voleur d'objets sacrés » puis « profanateur, impie ».
STAT. — Sacrilège1 et 2. Fréq. abs. littér.:677. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 986, b) 643; XXe s.: a) 1 519, b) 778.1. sacrilège [sakʀilɛʒ] n. m.ÉTYM. 1190; lat. sacrilegium « vol d'objets sacrés ».❖1 Profanation du sacré (1. Sacré, I., 1.), acte d'irrévérence grave envers les objets, les lieux, les personnes revêtus d'un caractère sacré. ⇒ Attentat, blasphème, crime (cit. 13 et 16), impiété, outrage, péché, violation. || Commettre un sacrilège. || Grand, horrible sacrilège (→ Purifier, cit. 5).1 (…) lors de la discussion de la loi du sacrilège à la Chambre des Pairs, le respectable duc montait en voiture dès sept heures du matin et allait solliciter chez ses nobles collègues le poing coupé. Il voulait obtenir qu'on coupât le poing sur l'échafaud aux condamnés pour sacrilège avant de les exécuter à mort (…)Stendhal, Romans et nouvelles, « Le rose et le vert », VIII.2 Il évoque le Diable, nourrit des souris blanches avec des hosties qu'il consacre; sa rage du sacrilège est telle qu'il s'est fait tatouer sous la plante des pieds l'image de la Croix, afin de pouvoir toujours marcher sur le Sauveur !Huysmans, Là-bas, IX.2 (XIIIe). Attentat contre ce qui est sacré (1. Sacré, I., 3.), contre ce qui est particulièrement respectable. || C'est un sacrilège d'avoir démoli ce vieil hôtel, d'avoir abattu ces arbres. ⇒ Hérésie.3 Depuis l'âge de quatorze ans, elle avait entendu répéter sans cesse que rien n'était aussi charmant qu'elle; elle en était persuadée; c'est pourquoi elle prenait grand soin de sa parure : en manquant de respect à sa personne, elle aurait cru commettre un sacrilège.A. de Musset, Nouvelles, « Croisilles », IV.4 Que de fontaines souillées dans nos campagnes ! Il ne s'agit pas toujours d'une méchanceté bien définie qui jouit par avance de la déconvenue des promeneurs. Le « crime » vise plus haut que la faute contre les hommes. Il a, dans certains de ses caractères, le ton du sacrilège. C'est un outrage à la nature-mère.G. Bachelard, l'Eau et les Rêves, p. 186.❖CONTR. Dévotion.————————2. sacrilège [sakʀilɛʒ] n. et adj.ÉTYM. 1283, n.; lat. sacrilegus « qui dérobe des objets sacrés; sacrilège, profanateur », de sacra, pl. de sacrum « objet sacré, objet de culte » (→ Sacrifier), et legere « ramasser, enlever, voler ».❖1 N. Personne qui a commis un sacrilège (1. Sacrilège, 1.). ⇒ Profanateur. || Un sacrilège impie (→ 1. Parricide, cit. 2; et aussi excommunication, cit. 3; magistère, cit. 1). || Une sacrilège.2 Adj. (1529). Coupable de sacrilège. || Prêtre sacrilège. || Talleyrand a été sacrilège mais non blasphémateur (cit.). || Mains sacrilèges (→ Impiété, cit. 4). — (Choses). Qui a un caractère de sacrilège. || Attentat (→ Épiscopat, cit. 1), action sacrilège (→ Mortification, cit. 2). || Audace sacrilège (→ 1. Pompe, cit. 9). || Communion (cit. 5) sacrilège. || Projets sacrilèges (→ Caresse, cit. 15).1 Voici la déclaration des États-Généraux catalans à S. M. Catholique, contenant que tout le pays prend les armes contre ses troupes sacrilèges et excommuniées.A. de Vigny, Cinq-Mars, XXIV.2 (Le sadisme) ne consiste point seulement à se vautrer parmi les excès de la chair, aiguisés par de sanglants sévices (…) il consiste avant tout dans une pratique sacrilège, dans une rébellion morale, dans une débauche spirituelle (…)Huysmans, À rebours, XII.3 Tout ce qui paraît garantir leur santé, leur stabilité, est regardé comme saint, tout ce qui semble la compromettre comme sacrilège. Le mélange et l'excès, l'innovation et le changement sont également redoutés.Roger Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 165.♦ Par ext. (⇒ 1. Sacrilège, 2.). || Les restaurations sacrilèges que se permettaient les architectes du XIXe siècle.
Encyclopédie Universelle. 2012.